1949. Pas de super-héros masqué ni de fée surgissant d’un nuage : c’est un pantin de bois, bonnet bleu et sourire candide, qui débarque en librairie. « Noddy Goes to Toyland » fait irruption chez Sampson Low, Marston & Co. En pleine reconstruction de l’Europe, la littérature enfantine cherche des repères solides. Oui-Oui, rebaptisé ainsi en France dès 1962, s’installe dans les rayons. Un personnage qui ne se contente pas de traverser les époques : il les épouse, les façonne, se laisse parfois bousculer, mais ne quitte jamais ni les étagères, ni les écrans. L’œuvre d’Enid Blyton, matrice du phénomène, se régénère sans relâche : nouveaux livres, séries, débats sur les personnages secondaires… Pendant ce temps, Oui-Oui lui-même demeure ce point fixe, ce visage connu, à la fois intact et toujours un peu réinventé.
Aux origines de Oui-Oui : comment est né ce personnage emblématique de la littérature jeunesse
L’histoire de Oui-Oui débute en 1949, au Royaume-Uni. Enid Blyton, alors l’une des plumes les plus prolifiques de la littérature enfantine, imagine un pantin au grand cœur, prompt à hocher la tête pour dire « oui » au monde qui l’entoure. Dans un contexte d’après-guerre, ce petit personnage naïf offre un antidote à l’incertitude : il rassure par sa constance, charme par sa capacité d’émerveillement.
L’apport décisif d’Harmsen van der Beek, illustrateur d’origine néerlandaise, donne à Oui-Oui une identité visuelle immédiatement reconnaissable. Des couleurs vives, des traits nets : la recette fonctionne. Après la disparition de van der Beek en 1953, d’autres mains prennent la relève, mais la silhouette de Oui-Oui reste fidèle à l’esprit d’origine, fidèle à ce regard bienveillant qui l’a fait adopter partout.
La France découvre Oui-Oui en 1962 grâce à Hachette, qui l’installe dans la fameuse Bibliothèque rose. Jeanne Hives, illustratrice française, adapte alors le personnage au goût local, tout en conservant l’essentiel : ce mélange de douceur et de malice. Les livres se multiplient, les formats aussi. Oui-Oui s’infiltre dans les chambres d’enfants, traverse les générations sans jamais s’effacer.
En 2008, Sophie Smallwood, petite-fille d’Enid Blyton, offre une nouvelle aventure à Oui-Oui. La transmission familiale prend ici tout son sens : la saga se poursuit, Oui-Oui demeure. Derrière la simplicité de ce bonhomme de bois, on lit la trace d’un personnage capable de se transformer sans jamais trahir ce qui fait sa force première : une écoute sincère des enfants, une capacité à évoluer au fil des sensibilités et des époques.
Pourquoi Oui-Oui a-t-il marqué des générations d’enfants ?
Oui-Oui, c’est ce pantin de bois qui ne quitte jamais son bonnet bleu ni son grelot, une silhouette qui rassure et amuse à la fois. À chaque génération, il pose les mêmes gestes, vit les mêmes rituels, mais jamais la routine ne l’emporte : le monde de Oui-Oui se renouvelle à hauteur d’enfant, avec une constance qui apaise et une curiosité qui donne envie d’aller plus loin.
Ce qui frappe, c’est le dosage entre innocence, curiosité et plaisir simple d’être ensemble. Oui-Oui découvre, s’émerveille, accompagne sans jamais basculer dans la mièvrerie ou l’infantilisation. Il ouvre la porte à la rencontre, invite à comprendre l’autre, sans jamais imposer la méfiance ou la rivalité.
Voici ce que retiennent les enfants, génération après génération, dans l’univers de Oui-Oui :
- amitié fidèle, notamment avec Potiron,
- entraide constante à Miniville,
- partage dans les gestes du quotidien.
À chaque histoire, un souci, une dispute, une maladresse sont traversés ensemble, avec franchise et malice. Oui-Oui ne triche pas, ne ment pas, ne tourne pas le dos à ses compagnons. C’est cette droiture, toujours teintée de tendresse, qui parle autant aux petits lecteurs. On s’y reconnaît, on y trouve un ancrage, une promesse de loyauté.
L’écriture d’Enid Blyton, simple et structurée, ajoute à la force du modèle. Des situations récurrentes, le son du grelot, la voiture jaune et rouge, les rituels de salutation… Tout contribue à installer une atmosphère rassurante, sans jamais enfermer. Oui-Oui offre une vision du monde où la différence est accueillie, où la confiance circule, où l’enfance reste un espace protégé.
Un univers haut en couleur : les personnages et les lieux incontournables de Miniville
Miniville, cœur battant du pays des jouets, agit comme une scène miniature où la fantaisie prend vie. Les lieux n’y sont pas de simples décors, ils participent à l’histoire, structurent le quotidien des personnages.
Pour mieux saisir ce qui fait le charme et la cohérence de Miniville, voici quelques repères clés :
- la maison de Oui-Oui, avec son toit rouge et ses volets bleus,
- la place du marché, carrefour des rencontres et des échanges,
- la caserne du gendarme qui veille sur l’ordre local,
- le garage où attend la célèbre voiture jaune et rouge.
Les rues fourmillent de va-et-vient, chaque personnage y a sa place, sa fonction, sa singularité. Oui-Oui, chauffeur de taxi, promène dans sa voiture les habitants de Miniville, croisant au fil de ses courses une galerie de figures attachantes.
Parmi les personnages, certains occupent une place à part :
- Potiron, le nain futé et complice de Oui-Oui,
- Mirou, oursonne loyale accompagnée de son chien Zim,
- la famille Bouboule, des voisins hauts en couleur,
- Monsieur le Gendarme, rassurant et toujours présent,
- Sournois et Finaud, lutins farceurs, jamais bien méchants.
Ce qui fait la force de Miniville, c’est cette harmonie entre les différences. Les chamailleries, les petites rivalités, les soutiens inattendus tissent un tissu social crédible. Les enfants y retrouvent à la fois des repères familiers et l’envie d’explorer un monde où la solidarité n’est jamais un vain mot. Le pays des jouets évolue, mais il garde sa capacité à faire rêver, à donner des clés de lecture sur l’amitié, la tolérance, la coopération.
Ressources, livres et adaptations pour explorer l’univers de Oui-Oui aujourd’hui
L’univers de Oui-Oui ne cesse de se décliner et de s’adapter, porté par une offre éditoriale foisonnante et de multiples adaptations à l’écran. Hachette continue d’enrichir la Bibliothèque rose avec de nouvelles éditions, tandis que les anciennes aventures gardent leur popularité. Depuis les dessins originaux d’Harmsen van der Beek jusqu’aux adaptations de Jeanne Hives pour le public français, Oui-Oui a su traverser les décennies sans s’essouffler. La publication du livre inédit signé Sophie Smallwood en 2008 l’a encore prouvé.
Côté télévision, le succès dépasse largement le cadre du livre. Les séries produites par Enid Blyton Limited et Chorion Group Company, souvent en partenariat avec Wang Film Productions, totalisent près d’une centaine d’épisodes. En France, Oui-Oui a conquis de nouveaux publics grâce à France 5, notamment dans Midi les Zouzous et Debout les Zouzous. La voix de Brigitte Lecordier, familière des petits téléspectateurs, s’impose comme une référence, tandis que Patrick Préjean et Evelyne Grandjean apportent leurs nuances aux autres membres de Miniville.
L’univers de Oui-Oui s’étend aussi bien au-delà des pages et de l’écran. Jeux vidéo, albums d’activités, produits dérivés invitent les enfants à s’approprier le monde de Miniville autrement. Les spécialistes de la littérature jeunesse saluent la continuité des valeurs transmises, partage, entraide, ouverture aux autres, quels que soient le support ou la génération.
Oui-Oui, c’est la promesse d’un monde à taille d’enfant, où la fidélité, la curiosité et la gentillesse forment un socle inusable. Tant que les enfants auront besoin de repères chaleureux, quelque part, le grelot de Oui-Oui continuera de tinter.